Cette semaine, on va prendre notre loupe pour regarder du côté du tabou des règles. Un vaste sujet qui est loin d’être classé. Il y a quelques jours, je discutais avec une lectrice sur Instagram, elle me racontait que pour plusieurs de ses proches, les règles c’est un non-sujet. Une thématique floue, qui fait même un peu peur.

Alors, après mon article sur les idées reçues, c’est tout naturellement qu’on passe aux tabous. C’est en prenant la parole qu’on avancera sur le long chemin de l’égalité entre les hommes et les femmes !

Bonne lecture !

C’est quoi un tabou ?

Quand j’écris, je regarde toujours la définition des mots. Je découvre très souvent une subtilité sur sa définition. Une précision qui lui donne toute sa profondeur. Quand on regarde la définition du « tabou », on découvre qu’il vient du polynésien « tapu » qui veut dire « fortement marqué ». Ça désigne quelque chose d’important, de sacré, qu’il ne faut pas approcher, qui est chargé de grand pouvoir.

Alors, non. Avoir ces règles ne te fait pas devenir Hermione Granger. Pas de grand pouvoir, mais des maux de ventre et de tête. C’est pas sacré, c’est commun. Et tu peux t’en approcher, il ne te sautera pas à la gorge. Vanessa Tiegs souligne même que le sang menstruel est le seul sans « non violent ».

Les Anglais débarquent

Je me revois au collège, chercher le plus discrètement possible une serviette hygiénique dans mon sac de cours. Ne pas en trouver. Devenir aussi rouge que la tache sur mon jean en chuchotant que « j’ai mes ragnagnas, t’as pas un truc à me dépanner ? » Avoir ma meilleure amie qui me sauve la mise. Glisser la serviette dans ma manche et demander si je peux aller aux WC en prenant bien soin d’attacher mon gilet autour de ma taille. L’angoisse tous les 28 jours, un sentiment de honte immense.

Avoir ses coquelicots, ses framboises, ses lunes ou bien ses fleurs… c’est redoubler d’imagination pour entretenir le tabou des règles, qui n’a pas vraiment lieu d’être. Commençons déjà par l’appeler par son petit nom. Dédramatisons ce qui nous arrivera 3 000 jours dans notre vie.

Quand ça fait mal

Le problème avec un tabou, c’est la méconnaissance. On stop net le débat et on fait comme on peu avec ce qu’on en comprend. Ce qui, pour les règles a donné lieu à des situations complètement dingues !

Du moyen-âge au XVIIe siècle, certaines douleurs liées aux règles ont été attribué à la présence d’un démon chez certaines femmes. Accusées alors de sorcellerie, ces dernières ont été brûlées sur un bûcher.

A l’époque de Cléopatre, la médication était moins barbare. Les médecins prescrivaient aux femmes qui avaient de l’endométriose de se marier et d’avoir des enfants pour éviter qu’elles aient leurs règles.

C’est fou, non ?

La tradition « Chaupadi »

Encore aujourd’hui, le tabou des règles tue. Au Népal, existe une tradition appelée « chaupadi ». Ce mot provient de « chau » qui signifie « menstruation » et « padi » qui veut dire « femme ». Ce rituel est interdit, mais il est toujours pratiqué. En effet, les femmes craignent de subir les représailles des Dieux si elles ne le respectent pas.

Lorsqu’elles ont leurs règles, les femmes doivent s’exiler dans des cabanes, loin de leur maison. Appelées goth, ces cabanes sont construites en matières naturelles (bois, pierre, boue, bambou…). Sans ouvertures et très étroites, les femmes y dorment à même le sol. Les goth sont souvent éloignés du village, en pleine nature.

En plus de la contrainte de lieu, les femmes qui ont leurs règles ont une multitude d’interdictions. Elles ne peuvent pas pénétrer dans les maisons, les cuisines et les temples. Elles ont interdiction de toucher les hommes, les enfants, le bétail, les arbres fruitiers les livres…

Des femmes en meurent chaque année. Que cela soit par asphyxie si elles se sont endormies sans éteindre le feu qui réchauffe leur goth, d’hypothermie ou encore de déshydratation. En 2007, une jeune fille est décédée suite à une morsure de serpent dans son goth.

« Les règles de notre liberté »

C’est le titre d’un documentaire produit par Netflix. Je vous conseille vraiment ces 20 minutes puissantes. Ce documentaire met en lumière la nécessité de combattre le tabou des règles. C’est une immersion dans l’Inde rurale, où les menstruations sont très stigmatisées. On y suit un groupe de femmes qui acquièrent leur indépendance en fabriquant des serviettes hygiéniques.

Si cette thématique t’intéresse, saches que cela sera celle du prochain épisode de Balance ta pépite, mon podcast. Je vais accueillir une experte dont j’admire beaucoup le travail. J’en dis pas plus, histoire de garder un peu de suspense ! A la semaine prochaine pour continuer de lever le tabou des règles. Bonne semaine !

Article écrit par Chanel Mentie et illustré par Escki
Sources : Wikipédia / Netflix
Quelques bouquins cool pour aller plus loin (lus et approuvés) : Les règles, quelle aventure – d’Elise Thiébaut, dessins de Mirion Malle – édition la ville brûle / Le grand mystère des règles – de Jack Parker – édition J’ai lu