En parcourant le blog d’Henry Jenkins (le chercheur qui a défini le transmedia en 2006) on a découvert une interview passionnante de Matthew Freeman. Il nous explique comment le transmedia storytelling a été inventé et on a eu envie de partager cette trouvaille avec toi !
Matthew Freeman, c’est le co-directeur du Center for Media Reseach au Royaume-Unis et l’auteur du livre « Historicising Transmedia Storytelling, early XX century, Transmedia Story Worlds ». Dans ce livre il raconte les débuts du transmedia, en passant par Le Magicien d’Oz, Tarzan et Superman.
Mais avant de te raconter comment Superman a inventé le transmedia tout en sauvant les USA, il y a quelques petites infos à connaitre…
Tout débute dans les années 1900 aux USA. L’arrivée du transmedia est alors liée à trois grosses évolutions : les progrès technologiques, le développement des séries (à la télé ou au cinéma) et la société de consommation.
A cette époque on est dans une consommation de masse. Et qui dit consommation de masse, dit production de masse et donc diffusion de masse. C’est dans cette énergie frénétique que de nouveaux outils médiatiques ont été créé et déployé grâce au transmedia.
Le premier personnage à avoir participé à la création du transmedia, tel qu’on le connait aujourd’hui, c’est Tarzan. Soit, cette production ressemble plutôt à une licence type Harry Potter, mais c’est un premier pas vers le transmedia. Tout a commencé par une BD, puis un feuilleton radiophonique, jusqu’à la création de tout un tas d’objets dérivés.
Prenons l’exemple des deux premiers supports. Dans la première édition de la bande dessinée, les lecteurs sont informés que Tarzan est allé à une réunion dans la périphérie de Bobolo au Congo. Dans le feuilleton radiophonique, les auditeurs apprennent de nouveaux détails : Tarzan est plus précisément allé à Loango, un village dans la région de Bobolo.
Edgar Rice Burroughs, le créateur de cet univers, a toujours été responsable des histoires racontées dans ses différents médias. Il a même créé une licence. Mais, au fil du temps, la narration s’est totalement désordonnée ce qui a créé une grosse frustration chez sa communauté. Les fans de l’univers se sont alors chacun dirigés vers un seul et unique média, ce qui a stoppé la diffusion transmedia de ce projet.
Autre univers né dans cette culture de la consommation de masse aux USA : le Magicien d’Oz ! Pour le coup, les créateurs ont carrément utilisé les codes de marketing pour écrire leur histoire. Par exemple, comme en publicité, ils utilisaient les couleurs comme un outil à part entière. Elles leur permettaient, par exemple, de différencier les multiples lieux de l’histoire. Ils ont aussi développé leur univers sur des affiches, des photos, des romans, une comédie musicale, des comics trips… Rien n’était trop beau pour raconter l’histoire d’Oz ! Dans chaque nouveau média, et même jusque dans la publicité autour du projet, les auditeurs y faisaient la connaissance d’un nouveau personnage, découvraient de nouveaux endroits, apprenaient de nouvelles informations sur l‘univers… L’expérience était de plus en plus immersive pour les fans.
Lyman Frank Baum, le créateur du Magicien d’Oz a choisi de poursuivre les aventures de ces personnages en créant une autoproduction Oz Film Manufacturing Company. Au de-là d’un simple divertissement, le Magicien d’Oz était désormais devenu une réelle machine. Ce choix financier lui a permis de garder la gestion de l’univers mais malheureusement, il a fait faillite et a emporté l’univers dans sa chute.
« Entre deux combats, Superman invente le Transmedia ! » Et ouais ! Le héros américain a lui aussi participé à la création du transmedia contemporain. Le personnage de DC comics a été développé sur beaucoup-beaucoup de supports : comics, séries, feuilleton radiophonique (comme Tarzan ! Comme quoi, c’est un truc de héros la radio), pièce de théâtre… Contrairement aux deux autres, Superman ne répond ni aux codes de la publicité, ni à son écosystème consumériste.
Superman a été créer pour diffuser des messages de propagande de guerre. Au même moment, les USA rejoignaient officiellement la Seconde Guerre Mondiale. Le personnage de Superman est alors devenu un outil de communication. Les romans étaient envoyés aux soldats partout en Europe, les affiches publicitaires aux slogans héroïques placardés sur les murs… Ces nouveaux supports dévoilaient de nouveaux super-méchants. Ces personnages allaient désormais suivre Superman dans ces aventures héroïques. Le travail commun de ces secteurs culturels en temps de guerre a donc aussi participé à l’évolution de l’outil transmedia.
Ce qu’on peut en déduire, c’est que le transmédia est un outil qui a été crée grâce et avec les évolutions de la société. On retrouve les codes de la publicité, répond aux besoins de la consommation de masse ou encore participe à la propagande de guerre. Le transmedia vit avec son temps et évolue avec ces innovations. Il peut être un simple outil de divertissement ou une vraie machine marketing. Son unique point faible est son cout. Il existe extrêmement peu d’offre transmédia, car ça coute chers. Très chers. Alors, aujourd’hui on créé plus des licences que de projets transmedia. Avec un média principal, il est beaucoup plus accessible de produire des médias secondaires.
Si tu as des remarques ou des infos croustillantes sur ce sujet, n’hésites pas à nous envoyer un DM sur notre compte instagram @lespetitspoings. On a hâte d’échanger avec toi !
Ecrit par @chanelmentie
Sources : Blog d’Henry Jenkins et l’INA
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